29 mai 2019
Débat sur le thème du "Le cannabis, un enjeu majeur de santé publique"
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Mes Chers Collègues,
Nous débattons aujourd’hui de la question du cannabis, proposée par le Groupe CRCE et Madame Benbassa. Il s’agit en effet d’un enjeu majeur de santé publique.
Avant d’aborder le cannabis thérapeutique, je parlerai du cannabis récréatif qui est la substance illicite la plus consommée en France. 42% des adultes âgés de 18 à 65 ans l’ont expérimentée et 22%, en ont consommé au cours des douze derniers mois. La proportion est désormais équivalente chez les adolescents : parmi les jeunes de 17 ans, on estime aujourd’hui que quatre individus sur dix en consomment. 13% des collégiens en fumeraient régulièrement.
Le cannabis n’est pas une drogue douce si tant est qu’il y en ait. Selon l’Observatoire Français des Drogues, il agit longtemps, à faibles doses, a sept fois plus de goudron et de monoxyde de carbone que dans le tabac. L’alcool ajouté au cannabis accentue quatorze fois plus le risque d’accident.
Le lien est aujourd’hui clairement établi entre consommation de cannabis et accidents de la route. Les conducteurs sous l’influence de cette substance présentent un risque deux à trois fois supérieur d’être responsables d’un accident.
Le cannabis fumé offre une toxicité physiologique cancérigène, vasculaire bien supérieure au tabac mais aussi des risques psychologiques importants, notamment des troubles psychiatriques, dépressifs, psychotiques pouvant favoriser une schizophrénie, et surtout un déficit de l’attention et des troubles cognitifs particulièrement en cas de consommation précoce, régulière chez les jeunes car le cannabis perturbe les zones cérébrales essentielles au développement psychique, intellectuel et relationnel des jeunes. Il traverse aussi le placenta et entraine des dommages chez le fœtus sur le cerveau et le poids.
On sait désormais, grâce aux saisies opérées par les forces de l’ordre, que le taux de THC contenu dans le cannabis commercialisé en France augmente ces dernières années. Le cannabis récréatif constitue donc un problème de santé publique grave.
Seule drogue qui demeure durablement dans l’organisme, elle séjourne une semaine dans le cerveau après consommation d’un joint et peut entrainer vers le passage à d’autres drogues et vers une dépendance.
Pour ce qui concerne l’usage thérapeutique du cannabis, il peut se révéler, dans de très rares cas, mais certaines fois, plus efficace pour soulager les douleurs de patients atteints de maladies lourdes, comme en oncologie, la sclérose en plaques ou certaines formes d’épilepsie. Des États américains – cela a été dit – l’ont mis en place, de même qu’Israël, et on utilisé cet usage thérapeutique et l’ont intégré à leur politique de santé publique. Une expérimentation devrait prochainement voir le jour en France, j’y suis favorable pour juger de la pertinence du cannabis thérapeutique.
Trois médicaments sont déjà autorisés en France sur quelques centaines de patients : le Sativex, commercialisé dans 18 pays européens, qui n’est pas disponible en pharmacie, et deux autres médicaments pour lesquels le médecin doit obtenir de l’ANSM une autorisation temporaire d’utilisation nominative justifiant l’absence d’alternative thérapeutique.
Cette étude pourra, à mon sens, apporter des précisions concernant le traitement de la douleur notamment chronique (où le cannabis n’aurait pas d’efficacité) mais surtout aiguë, ne cédant pas aux antalgiques habituels, ce qui est exceptionnel et il y aura un suivi des patients et une exclusion bien sûr par une administration. Ces prescriptions devraient être encadrées par des ordonnances sécurisées (comme les morphiniques). Les effets secondaires comme la baisse de vigilance, les décompensations psychiques et les risques d’addiction doivent être indiqués et appréciés.
La distribution dans ce cas devrait être comme les autres antalgiques et morphiniques distribués en pharmacie sur ordonnances sécurisées et la culture, comme l’a dit notre collègue, pourrait être réalisée en France.
Pour moi Oui, pour nous Oui à l’expérimentation concernant le cannabis médical avec, si validation des prescriptions sur des ordonnances sécurisées, avec des indications / contre-indications et effets secondaires clairs.
Non à une autorisation de prescriptions larges qui pourraient évoluer vers un usage récréatif, dont on connaît les effets indésirables que j’ai cités qui sont graves (cognitifs, psychotiques), d’addiction notamment chez les jeunes.