17 octobre 2019
Projet de loi autorisant la ratification du protocole au traité de l'Atlantique Nord sur l'accession de la République de Macédoine du Nord
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,
La Macédoine du Nord est née en 1991 de l’ancienne Yougoslavie. Depuis près de 20 ans, ce pays est un partenaire fiable de l’OTAN, qui participe déjà à certaines opérations, dont Resolute Support en Afghanistan. L’entrée de ce pays à l’OTAN était entravée en raison d’un différend au sujet du nom « Macédoine » qui l’a opposé durant de nombreuses années à la Grèce. Une solution a été trouvée et la situation est réglée depuis cette année.
Ainsi, la Macédoine du Nord est sur le point de devenir le trentième État membre de l’OTAN, organisation qui a fêté cette année ses soixante-dix ans d’existence. Elle continue d’être efficace comme l’ont montré ses interventions dans les Balkans, en Afghanistan, en Irak et en Lybie.
L’OTAN a évolué au cours de son histoire. Conçue - dans le contexte de la guerre froide - comme un rempart au péril stalinien, l’OTAN a perduré après l’effondrement de l’Union Soviétique. Elle s’est progressivement élargit aux pays d’Europe, à la Turquie et à d’anciennes Républiques du bloc communiste, en 1999 et en 2004.
Ces élargissements, issus de la politique dite « de la porte ouverte », ont pu donner lieu à des tensions avec la Russie, qui voit ces pays s’éloigner un peu plus de sa sphère d’influence. La question se pose également lors des élargissements de l’Union Européenne. La Macédoine du Nord est candidate pour intégrer l’Union Européenne.
Le groupe les Indépendants ne souhaite pas que l’Europe se construise en opposition à son voisin russe. Il s’agit simplement de répondre à une demande d’un État.
Ces deux organisations impactent la défense Européenne. Pendant longtemps, l’OTAN était la promesse d’une défense européenne assurée par les États-Unis. Elle a participé, avec les « dividendes de la paix » évoquées dans les années 80 par le Premier Ministre Laurent Fabius, à la dégradation des capacités de défense des pays européens.
Cela a entraîné une dépendance vis-à-vis de leur allié américain sur le plan militaire. Il existe toutefois deux exceptions : la France et le Royaume-Uni qui ont pris le parti de conserver des capacités militaires effectives, et de constamment les entretenir et les développer. Depuis le sommet de Saint-Malo en 1998, ces deux pays constituent le cœur de la défense européenne.
Nous verrons peut-être le Royaume-Uni quitter l’Union Européenne à la fin du mois. Ce n’est pas une bonne nouvelle surtout pour la défense de l’Europe qui verra partir l’un de ses deux piliers. Même avant leur départ effectif, le président des États-Unis a critiqué dans les dernières années, la trop faible contribution des États européens au budget de l’OTAN. Et leur trop faible budget de défense. Cette critique doit nous interpeller.
Elle doit nous interpeller parce que les États-Unis, comme d’autres, pourraient avoir intérêt à conserver une Europe dans un état de dépendance.
Or le Président américain affirme que les USA ne peuvent plus être le gendarme du monde. Il est à craindre que nos alliés américains portent leurs efforts sur d’autres zones. « Doctrine Monroe » ou « pivot asiatique » au détriment de la protection de nos territoires.
Dans ce contexte l’OTAN ne peut pas reposer sur la seule initiative américaine. Pour perdurer, cette organisation a besoin de nouveaux membres, comme la Macédoine du Nord qui s’apprête à l’intégrer. Le désinvestissement des États-Unis met aussi en lumière à quel point il est crucial que les pays européens soient autonomes.
L’Europe doit pouvoir assurer sa propre défense afin de faire entendre sa voix dans l’intérêt de ses membres. A l’heure d’une nouvelle mandature, d’une nouvelle composition des organes dirigeants de l’Union Européenne, il faut tendre vers plus d’intégration, d’ailleurs de plus en plus d’États européens le proclament.
L’Europe est en crise, notamment idéologique. Elle doit se renouveler pour perdurer. La définition de la politique de la défense européenne est incontournable. L’Europe doit parvenir à une autonomie stratégique.
Je veux saluer ici le travail de mes collègues Ronan Le Gleut et Hélène Conway-Mouret qui ont produit un rapport éclairant sur la défense européenne et le défi de l’autonomie stratégique.
Le Président de la République l’a parfaitement compris en déclarant à la Sorbonne que « les digues derrières lesquelles l’Europe pouvait s’épanouir ont disparu ». Emmanuel Macron a appelé de ses vœux une meilleure intégration. Cette dynamique est enclenchée. Le fonds européen de la défense finance déjà des projets communs de recherche en matière de défense. Mais il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à cette autonomie.
Le groupe Les Indépendants votera en faveur de l’accession de la Macédoine à l’OTAN. Nous souhaitons cependant que les élargissements ne fassent pas oublier la nécessité pour l’Europe d’atteindre l’autonomie stratégique ainsi qu’une plus grande intégration de ses moyens de défense. Dans bien des domaines la coopération européenne entre nos forces militaires doit être intensifiée en termes de recherche, d’investissement, et de ressources humaines.
Seul le prononcé fait foi