17 mai 2023
Proposition de résolution relative à la reconnaissance du génocide ukrainien de 1932 - 1933 (voir le dossier législatif)
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❌ L'engagement du Président Claude Malhuret pour un soutien clair à l'Ukraine face à l'agression russe
Le Sénat avait marqué sa solidarité avec l'Ukraine dès les premiers mois de l'invasion russe. Une délégation de plusieurs parlementaires et personnalités, dont le Président Claude Malhuret s'était rendu en Ukraine en avril 2022
Le 12 décembre 2022, le Président Claude Malhuret avait déposé, en application de l'article 34-1 de la Constitution, une proposition de résolution invitant le Sénat à affirmer son soutien à l'Ukraine, condamnant la guerre d'agression menée par la Fédération de Russie et appelant au renforcement de l'aide fournie à l'Ukraine, parce que cette guerre est une violation inacceptable du droit international et des droits de l'Homme, qu'elle est une négation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Cette proposition de résolution a été adoptée à la quasi-unanimité par le Sénat.
Nous ne savions pas.
Combien de fois cette excuse a-t-elle servi à ceux qui ont choisi de fermer les yeux ? La Shoah ? Elle avait lieu dans le secret des camps. Le génocide Khmer Rouge dans un pays cadenassé. L’Holodomor dans l’Ukraine impénétrable. Le goulag dans l’inaccessible Kolyma. Le Lao Gaï au fin fond de la Chine interdite.
Cette excuse, je n’y crois pas. La vérité ne s’est jamais dérobée qu’à ceux qui ne voulaient pas voir.
Ces massacres, ces génocides, ces crimes contre l’humanité ont leurs bourreaux, mais aussi leurs complices. Les bourreaux sont connus, de Hitler à Staline, de Mao à Menguistu, de Pol Pot aux généraux birmans. Là où nous sommes concernés, ce sont les complices. Les complices actifs d’une part, les idiots utiles de l’autre. Les complices, chez nous en 39/45 : les fascistes français et les collabos. Du temps de l’URSS les partis communistes occidentaux flanqués de tant d’intellectuels prestigieux. Du temps des 40 millions de morts du grand bond en avant les sectes maoïstes puissamment aidées par la fine fleur de l’intelligentsia française.
Les idiots utiles, écoutez-les pendant l’Holodomor. Edouard Herriot qui en revient à l’été 33 : « Je vous affirme que j’ai vu l’Ukraine tel un jardin en plein rendement. Il n’y a que jardins potagers et kolkhozes admirablement irrigués et cultivés et récoltes décidément admirables ». Des phrases aussi inimaginables ont été proférées par des Romain Rolland, des Langevin, des Malraux et des dizaines d’autres. Toutes ces visites Potemkine ont eu lieu au plus fort de la famine, lorsque des parents mangeaient leurs enfants morts, lorsque la « loi sur les épis » condamnait à dix ans de camp ou à la peine capitale toute personne ayant glané quelques épis de blé ou de seigle dans les champs.
De toutes les victimes des génocides, des famines organisées, des massacres, certaines ont été victimes deux fois. Une première fois assassinées, une deuxième fois lorsque les crimes n’ont pas été jugés. Les bourreaux qui ont perdu ont été condamnés, parfois avec beaucoup de retard, mais condamnés. Les nazis à Nuremberg, les Khmers rouges à Phnom Penh, les génocidaires Hutus à La Haye. Mais il n’y a pas eu de Nuremberg pour ceux qui n’ont pas perdu leurs guerres. Les Staline, les Mao Tse Tung et tant d’autres sont morts dans leur lit. Pire, ils ont eu tout le temps de maquiller l’histoire et de s’exonérer. Seuls les historiens peuvent les juger et c’est si difficile lorsque les preuves ont été effacées. Combien d’années a-t-il fallu pour attribuer à Staline l’Holodomor, le massacre de Katyn, le goulag ? Pour enfin connaître le bilan du grand bond en avant en Chine ?
Pourquoi faut-il que ces forfaits soient condamnés, même longtemps après. Pour la mémoire des victimes, bien sûr, mais pas seulement. Pour tenter d’éviter aussi de nouvelles atrocités. Je dis bien tenter, car malheureusement l’histoire se répète. 90 ans après l’Holodomor, l’Ukraine perd des centaines de milliers de ses enfants par le crime d’un ancien colonel du KGB devenu le dictateur fasciste du Kremlin. Et les mêmes complices et les mêmes idiots utiles sont là.
Si je parle d’eux, c’est parce que je les connais. Je les ai rencontrés tout au long de ma vie. En 1980 lorsque Médecins sans frontières a organisé la marche pour la survie du Cambodge pour dénoncer la famine organisée par les vietnamiens, nous avons fait face à une campagne internationale expliquant que nous étions des agents de la CIA. En 1984 lorsque nous avons dénoncé les déportations de masse en Ethiopie nous avons été traités de menteurs, non seulement par Menguistu mais par l’attelage improbable de plusieurs ONG, de l’ONU et même du misérable ambassadeur de France. Des années plus tard, une fois renversé, Menguistu sera condamné pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre… Et abrité au Zimbabwe par son ami le dictateur Mugabe. Il coule aujourd’hui des jours paisibles à Harare.
D’autres exemples ne datent pas d’hier, mais d’aujourd’hui. Les Ouïghours, les Rohingyas, les massacrés de l’Est du Congo, ceux de la République centrafricaine avec l’aide des ordures du groupe Wagner. Dans l’indifférence générale et le négationnisme des complices et des idiots utiles.
Aujourd’hui l’Ukraine est victime de nouveaux crimes contre l’humanité. Presque aucune des résolutions prises à l’Assemblée, au Sénat ou au Parlement Européen condamnant la guerre de Poutine n’a été votée ni par le Rassemblement National, ni par les insoumis ni par le parti communiste. Le 28 mars dernier l’Assemblée nationale a voté comme nous aujourd’hui une résolution sur l’Holodomor. La France insoumise a refusé de participer au vote, le parti communiste a voté contre. C’est un nouvel affront infligé à la mémoire des millions de victimes de Staline, mais aussi de celles de Poutine.
Merci à notre collègue Joëlle Garriaud-Maylam. Face aux falsificateurs de l’histoire, le Sénat s’honore aujourd’hui de célébrer la mémoire des victimes de l’un des pires crimes du XXème siècle. Demain, après la victoire de l’Ukraine, il faudra que se tienne le Nuremberg du poutinisme et de ses complices.