11 Octobre 2023
Question d'actualité au Gouvernement
Madame la Première Ministre,
Les images insoutenables de l’attaque terroriste du Hamas en Israël imposent une condamnation absolue et une solidarité totale avec les victimes. Mais l’émotion légitime, la colère et le dégoût ne doivent pas nous empêcher, bien au contraire de comprendre les raisons pour lesquelles elles ont pu se produire.
La guerre est revenue et nous ne voulons pas la voir. Je ne parle pas seulement de la guerre du Hamas contre Israël, mais des guerres et menaces au Moyen-Orient, en Afrique, en mer de Chine et maintenant en Europe. C’est la guerre des dictatures contre les démocraties. Elle est mondiale.
Les mains qui ont tranché la gorge des enfants d’Israël venaient de Gaza mais le cerveau est à Téhéran. 2008 la Géorgie, 2011 la Syrie, 2014 la Crimée, puis le Sahel et l’Ukraine, 2023 l’Arménie et aujourd’hui Israël. L’internationale des dictateurs s’est reformée. Nous les avions cru vaincus à la fin du XXème siècle. Ils sont de retour pour mettre à bas les démocraties. Ils ne sont pas unis par une idéologie ils sont une hydre monstrueuse, pouvoir mafieux en Russie, dictature du parti à PyongYang et Pékin, folie islamiste en Iran, soldatesque galonnée au Sahel. Une seule idée fixe les rassemble : renverser à notre détriment les règles du jeu mondial.
Comme chaque fois les démocraties sont aveugles à la catastrophe annoncée. Pas parce que leurs ennemis se cachent mais parce que nous nous voilons la face.
L’Europe a construit une formidable sphère de prospérité. Mais elle a oublié qu’il n’y avait pas de prospérité durable sans puissance. Et l’Europe puissance n’existe pas encore.
Ce que nous devons à toutes les victimes des attentats en Israël, c’est donner un sens à leur mort et qu’ils ne soient pas morts pour rien mais pour nous faire comprendre que le combat entre les dictatures et les démocraties est à nouveau face à nous.
Notre hymne nous le dit : « la liberté, liberté chérie ne peut combattre qu’avec ses défenseurs ». Nous devons nous réarmer, militairement, industriellement et surtout, surtout moralement. C’est la tâche extrêmement difficile des gouvernements européens, de votre gouvernement, que d’en convaincre le peuple. Mais c’est la seule façon, comme nos aînés l’ont fait au siècle dernier, de résister à la barbarie.
Réponse de Mme Elisabeth BORNE – Première Ministre
Merci Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Président Claude MALHURET,
Comme vous j’ai été choquée et je l’ai dit dès dimanche par le relativisme de certains responsables politiques et leur ambiguïté face à ces actes monstrueux, leur refus répété et assumé, d’appeler « terroriste » une organisation pourtant reconnue comme telle et ma conviction c’est que face au drame terrible qui frappe Israël, notre devoir c’est de veiller à l’unité nationale, à la cohésion nationale.
Il ne doit y avoir aucune ambiguïté face au terrorisme, aucune ambiguïté pour dénoncer la barbarie. Sur notre sol, nous ne laisserons passer aucun débordement ni sur la voie publique ni dans l’espace numérique. Nos valeurs républicaines ne sont pas négociables, l’antisémitisme ou l’apologie du terrorisme ne peuvent être tolérés sous aucune forme. Nous ferons preuve de la plus grande fermeté envers ceux qui veulent faire de cette attaque le prétexte à des débordements, dans nos rues, dans nos écoles, dans nos universités. Nous serons inflexibles.
J’ajoute que nous sommes aux côtés des juifs de France que cette situation choque et inquiète. La République est avec eux. Dès samedi, le Ministre de l’Intérieur a donné instruction aux Préfets de renforcer la vigilance et la protection des lieux sensibles et nos services de renseignement sont à l’œuvre pour détecter toute menace. Et je rappelle que sur proposition du Gouvernement, le Parlement a d’ores et déjà définitivement adopté deux lois de programmation pour nos armées, pour nos forces de sécurité intérieure et j’espère que votre assemblée adoptera tout à l’heure, la loi de programmation du Ministère de la Justice.
Nous ne devons pas faire preuve de naïveté. Nous devons assurer notre souveraineté stratégique, industrielle, sur tous les plans.
Monsieur le Président MALHURET, je le redis, dans ces heures graves, la seule solution, celle qui protège la démocratie et nos valeurs, c’est la cohésion nationale, c’est la défense de la République. Collectivement, l’heure est à la responsabilité, à l’unité, c’est ainsi que nous serons à la hauteur.
Je vous remercie.