20 mars 2020
Projet de loi de finances rectificative pour 2020
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mes Chers Collègues,
Depuis plusieurs semaines déjà, la crise sanitaire liée à la propagation du coronavirus s’est doublée d’une crise économique et financière. Ce contexte nous oblige désormais à reconsidérer toutes les hypothèses sur lesquelles nous avons voté, il y a quelques mois, la loi de finances initiale.
Depuis les mesures d’urgence prises par le Gouvernement afin de limiter les déplacements de nos concitoyens, et donc de ralentir la circulation du virus, l’économie aussi tourne au ralenti : consommation en forte diminution, stabilisation des investissements, contraction du commerce international…
La récession est désormais certaine, alors que nous avons bouclé, il y a quelques mois seulement, un budget établi sur la base d’un taux de croissance supérieur à 1% du PIB. En conséquence, toutes nos prévisions financières sont à revoir.
C’est un état de fait. Ce projet de loi de finances rectificative en prend acte. Et la réalité qui y est décrite est malheureusement alarmante : le déficit public, que nous parvenions à peine à maintenir sous la barre des 3%, bondira en 2020 à 3,9% du PIB.
Cela ne fait aucun doute : les efforts financiers proposés par le Gouvernement sont nécessaires. La France ne peut pas en faire l’économie. Bien sûr, pour d’autres pays, qui ont mené ces dernières années des politiques très ambitieuses et courageuses de réduction des dépenses publiques, ces efforts seront plus accessibles.
Mais soyons-en certains : face à l’urgence de la situation, le doute ne nous est pas permis. Nous devons agir rapidement et efficacement. Il faut que l’État prenne les mesures adaptées à l’urgence de la situation, quoi qu’il en coûte.
Notre Groupe votera ce projet de loi de finances rectificative. Nous espérons que ces mesures ne dégraderont pas le déficit structurel et qu’elles soutiendront utilement nos entreprises.
Cependant, une fois que nous aurons vaincu le virus, une fois que nous aurons su relancer l’activité de nos entreprises, notre regard sur la résilience économique de notre pays aura changé. Il y aura bien un avant, et un après cette pandémie en matière de stratégie économique.
J’envisage pour ma part deux axes de réflexion structurants.
Le premier concerne la relocalisation de certaines activités stratégiques. Nous avons récemment pris conscience de la dépendance à l’international de secteurs de souveraineté. Or cette dépendance a aujourd’hui de lourdes conséquences, tant sur nos comptes publics que sur nos entreprises. Elle obère notre capacité à réagir rapidement en situation de crise.
Le second concerne nos contributions au projet européen. Nous avons également pris conscience, au cours de cette crise, de l’importance d’une action coordonnée au niveau européen. Nous aurons besoin de plus d’Europe pour défendre les intérêts de la France, car les crises du XXIe siècle, comme celle que nous traversons aujourd’hui, ignoreront les frontières nationales.
C’est ensemble, et avec l’unité de toute la Nation, que nous surmonterons cette épreuve.