19 janvier 2022
Question d'actualité au Gouvernement
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers Collègues,
Le 13 janvier dernier, le Gouvernement demandait à EDF d’augmenter de 20% le volume d’électricité issu de la filière nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents dans le cadre de l’Arenh. Cela afin de contenir à 4% la hausse des tarifs.
Cette décision dont le coût est estimé à ce jour à 8 milliards d’euros traduit de sombres perspectives pour notre fleuron national déjà lourdement fragilisé.
- Une dette de 44 milliards d’euros ;
- Une chute de sa cotation en bourse ;
- Une révision à la baisse des perspectives de production nucléaire pour 2022 en raison de l’arrêt d’un certain nombre de réacteurs dans le cadre de leur maintenance notamment ;
- Un retard et un surcoût supplémentaire du projet d’EPR de Flamanville ;
- Des investissements colossaux à entrevoir pour le parc nucléaire existant mais bien évidemment également en prévision de son renouvellement ;
- Je rappellerai aussi le retrait du projet Hercule.
Mais si ces annonces pour sauvegarder le pouvoir d’achat des français sont louables, elles suscitent beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes et notamment dans notre hémicycle.
Elles vont aussi largement profiter à des concurrents sans certitude que cela se répercute sur leurs clients.
Monsieur le Ministre, EDF doit faire face à beaucoup trop d’injonctions contradictoires.
- Fermeture de Fessenheim ;
- Renouvellement du parc nucléaire,
- Grand carénage ;
- Et aujourd’hui sa mise à contribution pour contrecarrer la hausse du coût de l’énergie.
Tout ceci donc, sont autant d’éléments pour une équation insoluble qui met en danger cette entreprise et compromet lourdement son avenir.
A l’heure où tout le monde parle de souveraineté énergétique et où la France prend la Présidence du Conseil de l’Union Européenne quelle perspective comptez-vous tracer pour EDF qui concourt depuis 1946 à la stratégie énergétique de la France ? Comptez-vous donner à EDF les moyens de ses ambitions ?
Réponse de M. Bruno LE MAIRE – Ministre de l’Economie, des Finances et de la relance
Monsieur le Sénateur, je vous rejoins totalement.
EDF est une grande entreprise nationale qui fait la fierté de tous les français.
EDF a toujours répondu « présent » lorsqu’il y avait des difficultés d’approvisionnement, lorsqu’il y avait des tempêtes, lorsqu’il y avait des accidents climatiques. Et je veux rendre un hommage appuyé aux 130 000 salariés d’EDF en France, aux plus de 160 000 à travers le monde qui construit cette fierté nationale.
Je l’ai dit en réponse à une autre question, l’Etat a toujours été aux côtés d’EDF et lorsqu’EDF avait besoin de recapitalisation, que nous renoncions à nos dividendes, l’Etat a toujours répondu « présent » et l’Etat répondra toujours « présent » pour EDF et pour les salariés d’EDF.
Nous demandons un effort aujourd’hui, Oui ! Comme l’Etat a fait le sien pour une seule et unique raison, protéger les français, protéger les entreprises françaises contre une augmentation des prix qui aurait été insupportable.
Imaginez les millions de contribuables modestes, de foyers modestes qui ouvrent leur courrier le 1er Février et qui découvrent une facture d’électricité qui a augmenté de 35 ou de 40%, c’aurait été insupportable pour les ménages et insupportable pour les entreprises.
Maintenant, nous voulons ouvrir des perspectives de long terme. La première a été rappelée par le Président de la République, nous voulons qu’EDF soit un des leaders mondiaux de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et le Président de la République, le Premier ministre, toute cette majorité ont fait un choix clair en faveur de la réalisation de nouveaux réacteurs nucléaires ; c’est une vraie perspective de développement pour EDF.
La deuxième réponse que nous voulons apporter, elle concerne le marché européen d’énergie. Je l’ai déjà dit, et je le répète, je persiste et je signe, le fonctionnement du marché européen de l’énergie est aberrant et je ne vois pas pourquoi la France aurait à payer le coût de son électricité au coût marginal d’ouverture des centrales à gaz dans les pays d’Europe de l’Est. Nous voulons payer le coût moyen de production de l’électricité en France, nous voulons en avoir pour notre argent, pour nos investissements dans le nucléaire et nous voulons décorréler une bonne fois pour toute, le coût de l’électricité produite en France du coût d’ouverture marginal des centrales à gaz dans le reste de l’Europe.