16 février 2022
Question d'actualité au Gouvernement
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Dans moins d'un mois, l'Iran pourrait disposer des matériaux radioactifs nécessaires à l'arme nucléaire. Les crises ne manquent pas en ce début d'année : du Mali à l'Afghanistan en passant par l'Ukraine. Elles nous rappellent que la diplomatie est essentielle.
En 2015, après sept années de travail, un accord sur le nucléaire avait été signé. La France était un des huit signataires. Cet accord permettait la surveillance du programme nucléaire iranien. En contrepartie, l'Iran était réintégré à la communauté internationale. En renouant avec les échanges internationaux, le pays s'ouvrait et les tensions dans cette région s'apaisaient. La France fut le premier pays visité par les autorités iraniennes et nos échanges furent particulièrement prometteurs sur le plan économique.
En 2018, nous avons déploré le retrait unilatéral des États-Unis et le retour des sanctions économiques qui a eu une double conséquence. D'une part, l'accélération du programme nucléaire iranien. Et d'autre part, pour les 25 prochaines années, un engagement de coopération militaire et économique entre Pékin et Téhéran.
Le 8 février s'ouvrait un nouveau cycle de négociations afin d'éviter que l'Iran ne se dote du feu nucléaire. Le temps presse. Chaque jour qui passe l'Iran se rapproche de sa bombe.
Monsieur le Ministre, avons-nous de bonnes raisons d'espérer que les négociations aboutissent ?
Réponse de Jean-Yves Le Drian - ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
Oui, Monsieur le Sénateur Joël Guerriau, vous avez raison de rappeler l'importance, l'enjeu que représentent les négociations qui se sont réouvertes pour un nouveau cycle à Vienne il y a maintenant deux mois et demi, après un autre cycle de plusieurs mois.
C'est un travail diplomatique harassant. Je voudrais en profiter pour saluer nos diplomates qui sont à l'ouvrage pour la préservation de nos intérêts, les intérêts de l'Europe dans cette affaire.
Nous arrivons, vous l'avez dit, à l'heure de vérité. C'est-à-dire que si l'on veut que l'Iran respecte ses engagements en matière de non-prolifération et qu'en échange de quoi les États-Unis lèvent des sanctions et autres bénéfices, il faut qu'il y ait de quoi faire.
Et plus on avance, plus l'Iran accélère ses procédures nucléaires, et moins il y a d'intérêt pour les parties à rejoindre le JCPOA.
On est rendu au point de bascule là maintenant. Et Monsieur le Sénateur, ce n'est pas une question de semaines, c'est une question de jours.
Là, nous avons trouvé une convergence entre ce qu'on appelle les E3, c'est-à-dire Grande-Bretagne, Allemagne, France, la Chine et la Russie et les États-Unis. Nous avons trouvé une convergence suffisamment significative pour permettre un accord qui est, je dois vous le dire, Monsieur le Sénateur, à portée de main là maintenant.
Et il faut désormais bien comprendre qu’il faut des décisions politiques de la part des Iraniens, ils ont devant eux un choix très clair : ou bien ils déclenchent une crise grave dans les jours qui viennent, on pourrait s'en passer ; ou bien ils acceptent l'accord qui respecte les intérêts de tous les partis et singulièrement les intérêts de l'Iran.
Merci.
Réplique de Joël Guerriau
Monsieur le Ministre Le Drian, Je pense qu'on peut tirer des leçons de cette situation. D'une part, c'est la rupture des accords de 2018 qui nous entraîne dans cette situation : rupture unilatérale des États-Unis.
On retrouve la même situation avec l'Afghanistan, où ils quittent l'Afghanistan de manière unilatérale.
Ça doit nous interroger et ça doit nous amener à vraiment travailler pour que l'Europe ait une stratégie qui soit la sienne et que ce soit une stratégie indépendante qui nous permet de nous affirmer et d'éviter les conséquences de telles situations.
Merci.