05 octobre 2022
Débat sur la place des Outre-Mer dans la stratégie maritime nationale
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
La stratégie maritime nationale doit répondre à une double contrainte : assurer notre souveraineté et protéger notre patrimoine. La France doit être en mesure de contrôler ses espaces marins : ils constituent un important facteur de développement. Il est facile d’oublier que notre territoire s’étend à l’Atlantique nord, aux Caraïbes, à l’Océan Indien, à l’Océan Pacifique ou encore aux terres australes.
La quasi-totalité de la zone économique exclusive, vous l’avez rappelé, se situe autour de nos territoires ultra-marins. Ces espaces font d’ores et déjà l’objet d’une compétition entre les États, particulièrement dans la région indopacifique. Les contentieux territoriaux et maritimes se multiplient à mesure que le centre de gravité du monde s’y déplace.
Dans ses eaux et partout où se trouvent ses intérêts, la France doit maintenir une présence et des capacités crédibles. Les espaces maritimes sont immenses et il semble bien illusoire de penser que la France peut, à elle seule, développer des capacités militaires et similaires à celles de la Chine ou des États-Unis. Notre pays a des moyens bien plus limités.
Une voie cependant nous est ouverte : celle de la coopération avec les puissances qui partagent nos intérêts. Récemment, en Juin, la France et Singapour ont conclu un accord militaire de soutien logistique. Par ces coopérations, nos deux pays bénéficient mutuellement de leur complémentarité.
La France est le seul pays de l’Union européenne à disposer de territoire en indopacifique mais toute l’Europe y a des intérêts.
Avons-nous, Monsieur le Ministre, de nouveaux partenariats européens et internationaux envisageables pour renforcer notre stratégie maritime et de mieux protéger nos ressources en outre-mer ? On entend aussi quelquefois le bruit comme quoi notre nouveau porte-avions ne se ferait pas ; j’espère que vous allez aussi nous rassurer sur ce sujet ?
Réponse de M. Jean-François CARENCO, Ministre délégué chargé des outre-mer
La défense de la souveraineté maritime et de la souveraineté tout court de nos outre-mer, plusieurs d’entre vous l’ont rappelée, le rapport le rappel et je l’ai dit moi-même en introduction, est une priorité.
Pour ce faire, est-ce que nous sommes capables d’y arriver tout seuls ?
Pour partie c’est sûr, pour partie c’est sûr et le Ministre des Armées qui connaît bien l’outre-mer dans la stratégie militaire pour les prochaines années et la loi l’orientation et de programmation militaire développe des moyens pour aller outre-mer.
La question qui se pose et je dois prochainement rencontrer le Ministre et le Chef d’Etat-Major des Armées c’est celle de l’équilibrage entre une présence terrestre et une présence maritime. La présence terrestre est indispensable en Guyane, indispensable sur les ilots du canal de Mozambique, ailleurs elle accompagne. Ailleurs, on a le RSMA qu’il faut développer mais on ne fera pas une présence massive des militaires de terre, des fantassins en Guadeloupe, peut-être moins préférable et peut-être moins utile que la présence maritime.
Oui, le porte-avions – j’en discutais l’autre jour avec le Ministre ex-ministre des outre-mer, actuel Ministre des armées, se fera et il se fera d’ailleurs en coopération, comme les avions avec un certain nombre de pays européens. Tout seul, on peut le faire, à plusieurs c’est mieux.
Sur la coopération, je dois dire que je me rendrai à Bruxelles le 16 et le 17 Novembre prochains pour parler de l’article 349 que j’évoquais pour parler des pêches où j’aurais l’occasion de me fâcher devant vous contre la commission européenne, mais aussi pour parler RUP et défense globale du système notamment sur la biodiversité.
J’ai reçu il y a peu, Madame l’Ambassadeur, Ambassadrice d’Australie à Paris, nous avons évoqué ce sujet ; elle est tout à fait en phase sur l’idée qu’il faut coopérer sur l’ensemble de ces sujets, je note d’ailleurs qu’elle vient d’ouvrir un Consulat général à Nouméa. Avec Madame COLONNA, nous travaillons à l’ouverture de Consulat général le plus possible dans les outre-mer français pour précisément, avec des pays amis, renforcer l’idée de cette défense collective de la richesse mondiale et donc européenne et donc française que représentent les outre-mer.
Réplique de M. Joël GUERRIAU
Oui, Monsieur le Ministre, merci pour votre réponse.
Evidemment, je tiens beaucoup à la notion de partenariat mais aussi à ce que notre porte-avions puisse continuer à porter haut les couleurs de la France et je voudrais vraiment être rassuré sur ce sujet-là.