05 octobre 2021
Proposition de résolution portant sur la lutte contre toutes les formes d'antisémitisme
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
En guise de préambule, je voudrais relever que l’examen de cette résolution pour lutter contre toutes les formes d’antisémitisme coïncide ce jour à une cérémonie internationale officielle commémorative de l'Holocauste de Babi Yar à Kiev, en présence du président allemand Frank-Walter Steinmeier et du Président Israélien Isaac Herzog.
En effet, aujourd’hui même, se célèbre le 80ème anniversaire qui nous rappelle deux journées funestes où 33 000 juifs ont été exécutés par balle les 29 et 30 septembre 1941 à Babi Yar. Un ravin aux abords de Kiev creusé par une rivière, lieu d’extermination par les nazis de la population juive de la ville dans sa totalité.
Il s’agit, Mes Chers Collègues, du plus grand massacre de la Shoah ukrainienne. Il est important de le rappeler en mémoire de tous ces innocents assassinés au nom d’une idéologie barbare et nous aurions pu aujourd’hui, marquer un moment de silence.
Mais il est intolérable de songer qu’en Ukraine le bataillon néo-nazi Azov parade en toute liberté avec un symbole qui ressemble particulièrement à celui de la 2e division SS Das Reich.
La proposition de résolution de nos collègues Bruno Retailleau et Hervé Marseille est particulièrement à propos. Elle est pertinente et elle est bienvenue.
Depuis de nombreuses années déjà, notre pays doit malheureusement affronter une résurgence de l’antisémitisme et nous l’avions dit, vous l’avez dit et nous déplorons la spirale insupportable d’actes antisémites de plus en plus violents. C’est inédit depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mireille Knoll, Sarah Halimi, Ilan Halimi, les victimes de l’école Ozar Hatorah de Toulouse, ou encore celles de l’Hyper Cacher de Vincennes : la liste ne cesse de s’allonger.
Ces hommes, ces femmes et ces enfants sont morts parce qu’ils étaient juifs. A ces crimes, il faut ajouter les profanations et dégradations de sépultures et de lieux de culte, les insultes et les agressions physiques.
L’antisémitisme, c’est l’intolérance, la haine et la violence. L’antisémitisme, c’est le refus de nos lois. C’est un poison portant atteinte à la France et à nos valeurs républicaines.
Il faut le réaffirmer autant que nécessaire car « il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée ». Ce sont là les mots de Charles Péguy qui devraient nous inviter et inviter certains candidats à la Présidentielle à davantage de modération.
Oui, nous avons le devoir d’empêcher que l’inacceptable ne devienne ordinaire, que l’insupportable ne se banalise !
A cet égard, la proposition de résolution vise à faire approuver la définition de l’antisémitisme fixée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste – cette organisation internationale fondée en 1998, qui regroupe 31 pays et à laquelle nous appartenons renforce et promeut l’enseignement de la Shoah, la recherche et la mémoire.
La courte définition par l’IHRA est complétée par une série d’exemples, afin de permettre de mieux identifier les actes antisémites. La formulation de ces exemples permet de ne pas se heurter à la liberté d’expression.
Je voudrais féliciter ici les rédacteurs qui précisent que « les critiques à l’égard d’Israël comparables à celles exprimées à l’encontre d’autres pays ne peuvent être qualifiée d’antisémites ».
En effet, la France a toujours considéré les libertés d’expression et d’opinion comme des valeurs fondamentales de notre République.
Monsieur, Madame le Ministre, Mes Chers Collègues,
Cette définition, qui n’est juridiquement pas contraignante et n’est pas destinée à le devenir, tend à faire connaître et comprendre ce qu’est l’antisémitisme et à apporter un éclairage opportun sur le « fait antisémite ». Elle vise donc notamment les milieux scolaires et universitaires. Elle sera également utile pour les forces de l’ordre et les magistrats.
Adopter cette proposition de résolution constitue donc un geste symbolique fort au sein de notre communauté : c’est montrer notre détermination collective à combattre l’antisémitisme et, par là-même, tous ceux qui, par leurs propos ou par leurs actes, sèment la haine et l’intolérance.