27 novembre 2020
Projet de loi de finances pour 2021 - Mission "Action extérieure de l'État"
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,
L’année qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour le monde comme pour la France. La pandémie a fortement mobilisé les équipes de l’État qui sont au service des Français à l’étranger, qu’ils soient touristes ou résidents. Dès le début de la crise, le ministère a réalisé un travail remarquable qu’il convient de saluer.
En plus de porter une assistance d’ampleur exceptionnelle à nos concitoyens, il a fallu continuer à assurer les missions de diplomatie et d’influence dans un contexte dégradé. La pandémie a en effet frappé tous les pays et, ce faisant, elle a contribué à aggraver les tensions préexistantes au niveau international.
Durant cette crise, nous avons vu se poursuivre un recul regrettable du multilatéralisme, notamment lorsque l’intégrité de l’OMS a été mise en doute par le plus grand contributeur de son budget, les États-Unis. Le président Erdogan a, quant à lui, continué à déstabiliser la méditerranée orientale, le Levant mais aussi le Caucase, avivant les tensions partout où il le pouvait.
Ces circonstances de crise et de division rendent la diplomatie encore plus nécessaire. Si nous avons de bonnes chances de voir la fin de la crise sanitaire au cours de l’année prochaine, la situation internationale n’en sera pas apaisée pour autant.
A cet égard, nous soutenons les augmentations des crédits destinés à l’action extérieure de l’État. La menace terroriste à l’encontre de la France est élevée depuis de nombreuses années. Cette menace s’est encore renforcée en 2020 comme en témoignent les attaques tragiques de Conflans, de Nice mais aussi celle de Djeddah.
Il va de soi que les emprises françaises à l’étranger doivent bénéficier de la meilleure sécurité. Ceux qui y travaillent doivent être protégés au mieux y compris lors de leurs déplacements lorsque la situation l’exige. À cet égard, nous nous félicitons particulièrement de l’acquisition de véhicules blindés qui seront plus qu’utiles.
Nous soutenons également le renforcement de la sécurité dans les enceintes d’enseignement français. Il est essentiel que nous soyons en mesure de garantir la protection de ceux qui y sont reçus si nous souhaitons maintenir l’attractivité de la France dans un contexte troublé.
La situation du Liban est fragile depuis de nombreux mois maintenant. Elle s’est encore dégradée avec l’explosion qui a détruit une partie de la ville de Beyrouth cet été. Nous devons continuer de soutenir ce pays ami dans les épreuves qu’il traverse. Nous souhaitons qu’une attention particulière soit portée sur ce sujet.
L’augmentation des crédits concerne aussi les dépenses de personnel. Le ministère n’atteindra pas les objectifs de réduction de personnel qu’il s’était fixés. Cela est certainement dû à l’effort exceptionnel déployé pour la gestion de la crise sanitaire ainsi qu’à l’enchaînement des crises géopolitiques lors de l’année qui s’achève.
Nous notons cependant que l’augmentation de la masse salariale ne peut s’expliquer uniquement par l’inflation qui lui est très inférieure. Concernant la rémunération des agents, les personnels à l’étranger exercent leur mission dans des conditions d’éloignement et de sécurité qui justifient parfois le versement d’indemnités et notamment celle de résidence à l’étranger.
Notre groupe considère qu’il serait plus juste que le montant de cette indemnité fasse directement partie des rémunérations des agents. Ces sommes feraient ainsi l’objet d’une imposition sur les revenus en plus d’ouvrir des droits en matière d’assurance sociale. Il importe que la rémunération des agents qui travaillent pour la France soit juste.
Cela contribuera à préserver notre réseau diplomatique, qui est le troisième au monde. Ce réseau est l’une des grandes forces de notre pays. Il nous permet de promouvoir nos idées, d’entendre celles de l’étranger, et de parler à tout le monde. Mon groupe est attaché à perpétuer ce modèle.
L’année qui s’ouvre s’annonce meilleure que celle qui se termine. De nombreux sujets nécessiteront cependant de mobiliser notre réseau et notre influence. Nous nous félicitons que le temps des réductions budgétaires soit terminé car il est certain que la capacité diplomatique de la France contribue à sa puissance.
Nous devons néanmoins veiller à conserver la force de notre diplomatie. Pour cela nous avons besoin de continuer à en maîtriser les dépenses afin de ne pas avoir à abandonner certaines de ses composantes.