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Laure Darcos : Débat préalable à la réunion du Conseil Européen

26 juin 2024

Débat préalable à la réunion du Conseil Européen des 27 et 28 juin 2024



Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,


Nous sommes au début d’un nouveau chapitre décisif pour l’avenir de l’Union européenne. Les élections du 9 juin ont démontré que le projet européen est fragile face aux populismes qui gagnent du terrain.


La progression des partis nationalistes au Parlement européen, bien qu’attendue, ne doit pas être relativisée.


En France, l’extrême-droite a obtenu un score historique : près de 40 % des suffrages exprimés, toutes listes confondues.


Des enjeux nationaux ont évidemment interféré dans la campagne. Ne soyons pas dupes, ces résultats sont aussi et surtout l’expression d’une colère qu’il faut entendre.


En Europe cependant, la Pologne et la Suède ont fait un autre choix et prouvé que l’extrême-droite peut reculer, que sa montée en puissance n’est pas inéluctable.

Rappelons que les forces républicaines et pro-européennes sont toujours largement majoritaires au Parlement européen ! Nous devons poursuivre nos efforts et être à la hauteur des enjeux actuels.


Les Français ont exprimé leurs inquiétudes dans les urnes, ils ont aussi des attentes fortes. L’Europe est un levier d’actions essentiel pour apporter les solutions nécessaires.


L’adoption d’un programme stratégique clair et ambitieux lors de ce Conseil est donc primordiale.


La sécurité en Europe, avec une industrie et une souveraineté militaires fortes ; la lutte contre le dérèglement climatique, avec l’alliance de la sobriété et des solutions innovantes ; le numérique, avec un cadre efficace et des outils européens ; l’agriculture, avec des productions alimentaires consolidées : voilà, en partie, ce qui nous attend.


Pour relever tous nos défis, il faut multiplier les initiatives, privilégier l’unité face à des adversaires déterminés à nous diviser.


Par ailleurs, à partir du 1er juillet, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, prendra la tête de la présidence du Conseil de l’Union européenne avec le slogan évocateur « Make Europe Great Again ». Si nous avions encore des doutes sur ses intentions, ils sont dissipés.


Viktor Orban ne fait pas mystère du peu d’attachement qu’il porte à nos valeurs communes. Le programme de sa présidence, trop peu ambitieux, ne doit pas ralentir la transformation de l’Europe.


Pouvez-vous nous préciser, Monsieur le Ministre, les dossiers que vous entendez privilégier au cours de cette Présidence ?


Deux visions de l’Union européenne s’offrent à nous : nous pouvons faire le choix d’une Europe repliée sur elle-même, complaisante avec les autocrates et proposant des solutions dangereuses, qui entraîneront notre déclassement. Ou alors nous battre pour une Europe souveraine, plus indépendante, maîtresse de son destin et fermement attachée à la liberté.


La guerre en Ukraine a mis en lumière de façon flagrante les soutiens de Vladimir Poutine. Piégés par celui qu’ils idolâtraient, les populistes de droite et de gauche ont dû se résoudre à condamner à demi-mot la Russie. Et ils ont alors pu constater la formidable cohésion des européens, désireux de soutenir l’Ukraine.


Pour les cinq années qui viennent, notre Groupe défend une transformation du mode de fonctionnement de l’Union européenne : la réforme de l’adhésion à l’UE, mais aussi l’élargissement du vote à majorité qualifiée pour aller plus loin, plus vite et mieux dans divers domaines, notamment la fiscalité ou la défense. Le droit de la concurrence en Europe doit aussi être revu. Sur ces sujets, Monsieur le Ministre, quelle est la position de la France ?

Quant à notre souveraineté alimentaire, elle est indispensable. Sous cette mandature, nous allons négocier de nouveau la politique agricole commune. Avec les récents évènements, quelles sont les leçons tirées et comment cela orientera-t-il notre position durant ces négociations ?


Le budget de l’UE sera aussi en discussion en 2028. Adopter le dernier cadre financier pluriannuel fut assez périlleux. Si nous voulons nous donner les moyens de nos ambitions, nous devons renforcer notre budget et être capable de créer de nouvelles ressources propres.


Nous avons emprunté collectivement plus de 750 milliards d’euros pour relancer les économies après la pandémie. Malgré les affirmations de certains, il va falloir rembourser cette dette.


Si nous ne créons pas de nouvelles ressources propres efficaces, les États membres devront augmenter leur contribution financière à l’UE, ce que personne ne souhaite. Sur ce sujet Monsieur le Ministre, je sais la France engagée, mais pouvons-nous encore accepter les rabais insensés accordés à certains Etats membres ? Pouvez-vous nous assurer que votre position sur le sujet n’a pas changé ?


Monsieur le Ministre, je terminerai par-là, parce que c’est aussi à l’agenda du Conseil de demain : les « Top Jobs ». Si la fumée blanche semble proche, existe-t-il encore des obstacles identifiés et quelle est leur nature ?

Enfin, la nomination du Commissaire européen par la France est une prérogative présidentielle. Quand interviendra-t-elle ? Sera-t-elle liée aux résultats des législatives dans notre pays ?


L’Union européenne est un espoir. L’Union européenne ne peut pas agir sans ses citoyens.


Faisons en sorte que les cinq prochaines années permettent aux européens de croire à nouveau en l’Europe et souhaitent continuer à vivre ensemble.


Je vous remercie.


SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.

Interventions au Sénat

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