Marc Laménie : Restauration de la sécurité en Haïti
- Les Indépendants
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Proposition de résolution en application de l'article 34-1 de la Constitution, invitant à favoriser la restauration de la sécurité en Haïti afin de créer les conditions nécessaires à la mise en place d'un processus politique de sortie de crise - Dossier législatif
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,
Cela fait un peu plus d’un an que le Premier ministre Ariel Henry a démissionné de sa fonction de chef de l’État haïtien par intérim.
Il a passé 2 ans et demi à gouverner un État à la dérive, après que le président Jovenel Moïse a été assassiné. Haïti est aujourd’hui considéré comme un État failli. L’autorité n’y existe plus, le droit a disparu. Ne reste que la loi du plus fort.
Les gangs se disputent le territoire. En raison de la profusion d’armes à feu, leurs affrontements font de nombreuses victimes, tant en leur sein que parmi les civils.
Hélas, les gangs prennent aussi la population pour cible et commettent des crimes atroces. L’ONU a déclaré que 4 239 personnes ont été tuées au cours des 18 derniers mois.
C’est dire l’ampleur du chaos, mais aussi les moyens dont disposent les gangs. Ces groupes enlèvent les civils, les torturent, et parfois les assassinent.
Les viols, y compris collectifs, se multiplient. Le sort des filles et des femmes est particulièrement alarmant. Certaines sources font état de traite d’enfants.
La communauté internationale ne peut pas laisser faire cela. Ces drames n’épargnent aucun Haïtien. Durant le seul mois de mars, plus de 60 000 personnes ont été déplacées.
Les forces de l’ordre locales sont, quant à elles, dépassées, démoralisées, et basculent parfois elles-mêmes du côté des gangs.
Jimmy Chérizier, tristement célèbre, est passé de policier à chef de gang. Il a participé à des massacres, mais aussi à des attaques de prisons ayant conduit à l’évasion de près de 4 000 prisonniers.
Face à cette situation, de nombreux Haïtiens fuient vers l’État voisin de Saint-Domingue. Cette dynamique migratoire engendre des tensions croissantes avec la République dominicaine, où des manifestations hostiles à l’égard des migrants haïtiens ont éclaté.
Haïti est devenu un enfer à ciel ouvert, livré aux mains de bandes armées. Ce chaos intervient après plusieurs catastrophes naturelles – tremblements de terre, ouragans – qui ont considérablement affaibli la population haïtienne et ses institutions.
La communauté internationale s’accorde sur la nécessité d’agir. Une mission multinationale d’appui à la sécurité est actuellement en cours.
Nous rendons hommage à l’engagement de ces forces, comprenant une majorité originaire du Kenya, qui risquent chaque jour leur vie pour tenter de restaurer l’ordre.
Alors que la situation est loin d’être sous contrôle, les États-Unis, deuxième bailleur de cette mission, ont récemment annoncé suspendre leur financement. C’est un coup dur pour une opération déjà fragile.
Nos collègues nous proposent aujourd’hui de voter une résolution afin que cette tragédie ne tombe pas dans l’oubli et que des moyens soient mis en œuvre pour y remédier.
Tous les présidents de groupe de notre assemblée ont cosigné cette proposition de résolution, témoignant ainsi de notre unanimité sur ce sujet.
Il est souvent dit que la sécurité est la première des libertés. Haïti le démontre tragiquement.
Pour la population, le danger est permanent. Tant que la sécurité ne sera pas rétablie sur ce territoire, la situation humanitaire ne pourra pas s’améliorer et l’économie restera paralysée.
La France contribue déjà à la mission multinationale d’appui à la sécurité à hauteur de plusieurs millions d’euros. Elle concourt également à la formation des forces de l’ordre haïtiennes. Cet engagement indispensable doit être poursuivi. La mission devra sans doute être réexaminée à la suite du gel du financement américain.
Parallèlement aux efforts de maintien de l’ordre, la communauté internationale doit renforcer le soutien logistique, médical, et humanitaire. Restaurer la sécurité ne suffira pas : il faudra aussi aider Haïti à reconstruire un tissu social, économique et institutionnel.
Lors de la reconstruction, il faudra veiller à créer les conditions d’une paix durable. Il faudra soutenir un renouveau politique, avec des processus démocratiques solides.
L’urgence aujourd’hui est le retour à l’ordre. Des moyens à la hauteur de la catastrophe doivent être engagés si nous voulons pouvoir l’enrayer.
En souhaitant qu’elle contribue à améliorer la situation, notre groupe votera évidemment en faveur de l’adoption de cette résolution.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.