Pierre-Jean Rochette : Comment relancer le fret ferroviaire ?
- Les Indépendants
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Débat sur le thème : "Comment relancer le fret ferroviaire ?"
Question de Pierre-Jean Rochette, Sénateur de la Loire :
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Chers Collègues,
À l’heure où notre pays cherche à concilier souveraineté économique et sobriété carbone, une évidence s’impose : nous devons relancer le fret ferroviaire.
Cet objectif n’est ni une utopie nostalgique ni une opposition au transport routier, mais une nécessité pour construire un réseau de transport combiné performant sur nos territoires.
Levier stratégique, écologique et industriel, le fret ferroviaire présente de nombreux atouts : il émet peu de CO2, consomme peu d’énergie et a une emprise au sol réduite. Son développement stimule l’attractivité économique dans les territoires et favorise l’emploi local.
Pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, le secteur des transports doit réduire de 90% ses émission de gaz à effet de serre (GES). Cela implique un verdissement et une électrification massive des camions – déjà en cours -, et un développement ambitieux du ferroviaire et du fluvial. Si le « tout ferroviaire » n’est pas envisageable, le report modal d’une partie du fret constitue un levier important de réduction des émissions de GES.
Mais la solution la plus performante est le transport combiné. Seule la combinaison des différents modes de transport permettra de disposer d’une chaine logistique efficace, verte et compétitive :
- Le ferroviaire présente un avantage certain pour transporter de très grands volumes sur des longues distances ;
- Les camions sont eux essentiels pour effectuer les premiers et derniers kilomètres, entre les usines, les entrepôts, les plateformes multimodales et les clients finaux.
Cette complémentarité permet de garder l’agilité du routier tout en bénéficiant des atouts écologiques et économiques du rail pour le trajet principal.
Ce transport combiné représente aujourd’hui 41 % du fret ferroviaire en France. Mais le fret ferroviaire, ne représente, lui, que 10% du transport total de marchandises.
Et il a perdu la moitié de ses volumes en 20 ans. Les causes sont connues : ralentissement de l’activité industrielle - contrairement à la Suisse ou l’Allemagne - et dé-massification des flux notamment.
A cela s’ajoute une qualité de service dégradée : retards importants, vitesse moyenne faible (52 km/h), infrastructures vieillissantes[1] et coût élevé de maintenance, concurrence avec les trains de voyageurs sur les lignes capillaires.
Son modèle économique est fragile. Pourtant, des solutions et des leviers existent ! L’Union européenne nous a donné une feuille de route ambitieuse.
Depuis 2020, la Commission européenne a lancé sa Stratégie de mobilité durable et intelligente. Les objectifs sont clairs : doubler le trafic ferroviaire de marchandises à horizon 2050 ; développer la multimodalité ; renforcer l’interopérabilité du réseau européen. Entre 2014 et 2027, cela représente près de 1,2 Md€ de subventions européennes au réseau ferré français.
Désormais, c’est à nous de transformer ces ambitions en actions concrètes. Et les chantiers à engager sont nombreux :
Moderniser et adapter les infrastructures au fret ; améliorer la régularité et la ponctualité ;
Développer les plateformes multimodales entre les zones industrielles et urbaines, les corridors européens, les ports et les aéroports ;
Encourager la concurrence ; faciliter l’accès au rail aux PME et aux petits opérateurs : baisse des redevances d’accès aux infrastructures, faciliter l’accès aux sillons, au matériel et aux installations de triage, mise en place de groupements logistiques pour massifier les flux…
Quels moyens nous donnons-nous ? Les concours publics demeurent essentiels pour soutenir ce secteur fragile.
Mais dans un contexte international tendu, la fluidité de nos échanges et du transport deviennent des enjeux stratégiques. Nos industries européennes doivent pouvoir s’appuyer sur un système logistique sûr, efficace et compétitif. Cela passe par un marché intérieur fluide, une Europe interconnectée et des réseaux accessibles.
La relocalisation industrielle appelle un transport massifié. Et inversement : sans transport performant, pas d’industrie compétitive dans nos territoires.
Pas de réindustrialisation sans fret performant. Pas de fret performant sans industrie à desservir. Ces dynamiques s’alimentent. A l’heure où nous souhaitons relancer une industrie compétitive, qui se préoccupe de savoir si un terminal ferroviaire existe dès l’origine du projet? Et qui le prend en charge ?
Ne pas réussir à apporter aux industriels du fret ferroviaire est un échec.
Nous sommes pour un transport combiné accessible à tous, qui prend en compte la chaine logistique dans son ensemble, et qui soit écologiquement et économiquement viable.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.