Pierre-Jean Rochette : Débat sur l'intelligence artificielle
- Les Indépendants
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Débat sur l'intelligence artificielle
Question de Pierre-Jean Rochette, Sénateur de la Loire, à Clara Chappaz, Ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique :
Merci Président,
Madame la Ministre,
Chers Collègues,
La course mondiale à l'intelligence artificielle ne se joue pas uniquement sur le terrain de l'innovation technologique mais aussi, et peut-être surtout, sur celui de l'adoption à grande échelle par les entreprises, les administrations et les citoyens.
Si les États-Unis et la Chine sont en tête de la compétition en matière de recherche et de développement, de récentes analyses soulignent que la capacité à diffuser et à intégrer l'intelligence artificielle dans les usages quotidiens est un facteur tout aussi déterminant pour activer ce levier de croissance.
La Chine, depuis longtemps perçue comme peu efficace en matière de mise en œuvre technologique, semble rattraper très rapidement son retard. Plus de 50% des entreprises utiliseraient déjà l'intelligence artificielle, contre un tiers aux États-Unis.
Il apparaît ainsi qu'en Chine, le secteur public, la consommation individuelle ou encore l'industrie manufacturière utilisent désormais ces outils à grande échelle.
Face à ces constats, il semble crucial de s'interroger sur la situation en France, sur la maturité de l'intelligence artificielle et de ses usages dans notre société. Disposons-nous, Madame la Ministre, d'indicateurs clairs et récents permettant de mesurer l'adoption réelle de l'intelligence artificielle dans les entreprises, dans l'usage au quotidien de nos collectivités territoriales, de nos administrations, de nos concitoyens ? Quels usages en font-ils ? Quelles sont les mesures de la stratégie nationale pour l'intelligence artificielle destinées à encourager son utilisation dans tous les pans de la société ?
Et puis, pour terminer, Madame la Ministre, je pense aussi qu'on a un sujet sur lequel on doit se pencher au niveau de l'intelligence artificielle, c'est l'usage qui en sera fait dans les collectivités locales et l'utilisation des données qui sera faite aussi à travers les logiciels qui seront proposés aux collectivités locales et notamment aux mairies, où là, je pense qu'on a un petit sujet de souveraineté. On doit peut-être accompagner nos collectivités locales à l'usage de cette intelligence artificielle qui peut être bien entendu un réel atout mais qui peut aussi être un gisement de données important à surveiller et devenir un sujet de souveraineté de facto.
Merci.
Réponse de Clara Chappaz, Ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique :
Merci Monsieur le Président,
Monsieur le Sénateur, vous avez raison, je le disais tout à l'heure, la priorité de cette troisième phase de la stratégie nationale pour l'IA, c'est bien l'adoption. Parce qu'on peut avoir les meilleurs labos de recherche du monde, on peut avoir les meilleures entreprises, mais si on n'utilise pas l'intelligence artificielle, alors on n'aura pas les gains de compétitivité, ni les gains pour les usagers et les agents et les employés que cette technologie permet.
Donc je suis tout à fait alignée avec votre propos.
Comment on fait ? Sous l'égide du Premier ministre, je le rappelais, pour la partie administration, avec le comité interministériel pour l'IA, nous avons demandé à chaque ministère de lister de quelle façon ils utilisent l'intelligence artificielle, quels sont les cas d'usage et comment ils peuvent passer à l'échelle.
Et tous les ministères nous remettront ces feuilles de route d'intelligence artificielle au moment de VivaTech, donc dans un mois et quelques maintenant, dans lequel nous réunirons à nouveau le comité interministériel pour l'IA.
Ils le font avec l'appui de la DINUM, la Direction Interministérielle du Numérique, afin de pouvoir avoir accès à un conseil technologique sur la capacité que l'on peut avoir de déployer ces solutions à l'échelle. Parce que cas d'usage c'est bien, mais on veut les déployer aussi à l'échelle.
Pour la partie collectivité, c'est une vraie question.
Nous travaillons avec toutes les associations France Urbaine, les Interconnectées, pour que ce travail qu'on peut faire au niveau de l'État puisse aussi bien sûr être porté au niveau des collectivités.
Et ça fera partie aussi des choses sur lesquelles nous souhaitons avancer dans le cadre du plan du comité interministériel.
Pour la partie entreprise, plusieurs réponses. Suivre la diffusion de l'IA bien sûr, on a certains sondages que je mentionnais tout à l'heure qui nous permettent de dire par exemple qu'aujourd'hui que 5% des PME utilisent l'IA quand c'est 35% pour les grandes entreprises.
Et on s'appuie sur à la fois les CCI, on a signé avec les CCI une logique d'accompagnement qui vise à accompagner 20 000 entreprises dès cette année à l'utilisation de l'IA, les plus petites et pas seulement les grandes entreprises.
J'ai été la semaine dernière à un événement avec la CCI Paris qui met en place de la formation, de l'accompagnement pour pouvoir accélérer.
On a aussi un dispositif qui s'appelle IA Booster, qui est financé par l'État, qui vise à accompagner les plus petites entreprises.
Et on travaille sur un observatoire, un portail qui permet à chaque entreprise de trouver en fonction des cas d'usage les solutions qui seront les plus pertinentes.