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Pierre-Jean ROCHETTE : Soutien militaire de la France à l'Ukraine

07 février 2024

Question d'actualité au Gouvernement



Question de Pierre-Jean ROCHETTE, Sénateur de la Loire, à Sébastien Lecornu, Ministre des Armées.

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre Lecornu,

Mes chers Collègues,


"Vous devez comprendre que si l'Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais pour vous aider et vous soutenir." Ces propos surprenants sont ceux du Président américain Donald Trump tenus à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne en 2020.


Thierry Breton ne pouvait pas inciter davantage les européens à bâtir la défense européenne qu'en nous rappelant ces paroles. Une des conditions sine qua non à cela est d'avoir une France forte et capable sur le plan militaire.


On dit que Poutine a ressuscité l'OTAN en envahissant l'Ukraine. Il est vrai que deux pays scandinaves ont manifesté leur souhait de rejoindre l'organisation.


Après des décennies de désengagement, un effort budgétaire massif s'opère partout en Europe.


Mais dans quelques mois, si Donald Trump est réélu, gagne les élections, que vaudra encore l'alliance atlantique ? Au-delà des nouvelles adhésions, nous devons absolument nous pencher sur nos capacités.


La question des munitions est un enjeu crucial de la guerre de haute intensité. Chaque jour, les Ukrainiens tirent entre 5 à 8 000 obus, quand les Russes tirent exactement le double.


Les États européens se sont engagés à soutenir l'effort de guerre ukrainien et à livrer à Kiev un million d'obus, c'est-à-dire, au mieux, six mois de munitions. Nous ne tiendrons pas cet engagement.


Nous espérons tout juste pouvoir atteindre la moitié et livrer un peu plus de 500 000 obus avant fin mars. Pourquoi ? Parce que nous n'en produisons pas assez, mais aussi, parce que nous continuons collectivement d'en exporter aux bénéfices de pays qui en ont bien moins besoin que l'Ukraine.


Monsieur le Ministre, il est grand temps d'intensifier le soutien de notre pays à l'Ukraine et de nous réarmer. Où en est l'économie de guerre annoncée par le président Macron ? Merci.


Réponse de Sébastien Lecornu, Ministre des Armées


Monsieur le Président du Sénat,

Mesdames, Messieurs les Sénateurs,

Monsieur le Sénateur,


Sur la question que vous posez sur l'OTAN, on aura d'ailleurs l'occasion d'y revenir dans le cadre des travaux de la commission Affaires étrangères et défense puisque le président Perrin, à la suite du président Cambon, ont décidé justement de revenir sur la question de la place de la France au sein de l'OTAN.


Il y a quand même une réalité. On le voit bien qu'il nous faut travailler avec les différents partenaires européens, y compris la Grande-Bretagne, par son modèle d'armée, par l'apport de sa dissuasion nucléaire, évidemment, pour l'ensemble continental.


Il nous faudra évidemment continuer à nous réarmer. C'est le sens de la loi de programmation militaire que vous avez voté.


Sur la question de l'aide à l'Ukraine et, au fond, de notre économie de guerre. Vous le voyez bien, on est passé d'une logique de cession sur les stocks de nos armées, à une logique de production pour évidemment continuer de soutenir l'armée ukrainienne dans la guerre qu'elle mène suite à l'agression russe.


Cette remontée en puissance, elle est indispensable, y compris pour nous-mêmes, dans les différents conflits que nous pouvons connaître.


Elle est indispensable parce que cette perte de muscle industriel s'expliquait évidemment pour le contexte stratégique lié à la fin de la guerre froide.


Malheureusement aussi, Monsieur le Sénateur, lié aux diminutions de crédits budgétaires pour les forces armées pendant pratiquement plus de 15 ans qui ont évidemment conduit à une perte de commande et donc à une réorganisation dans le mauvais sens de notre industrie.


Et si les crédits augmentent depuis 2017, ça reprend du temps évidemment de monter en puissance.


Pour répondre précisément à votre question, l'économie de guerre, en tout cas, la reprise de la production par nos industriels, elle est en cours. Elle profite très directement à l'Ukraine, je pense qu'il y a un certain nombre de résultats qui sont là. Par exemple l'entreprise Thalès, où il fallait 24 mois pour produire un radar, désormais il faut 6 mois. MBDA, les missiles Mistral sur la défense sol-air, il fallait 24 mois, c'est désormais 15 mois. Je pense que le résultat autour du canon Caesar-Nexter est évidemment à saluer. 30 mois pour produire un canon Caesar, divisé par deux, 15 mois.


Et je veux vraiment remercier les équipes de ces entreprises parce que derrière, ce n'est pas que de l'organisationnel, c'est aussi une augmentation du temps de travail des 3x8, des entreprises et des salariés, des ouvriers des ingénieurs qui sont engagés pour permettre justement de relever ce défi.


Les munitions, évidemment, là aussi les résultats sont là notamment pour les obus de 155mm.


Maintenant, l'enjeu c'est d'avancer sur ce qui justement a pris du retard : les missiles Aster, les missiles complexes. Aster 15, Aster 30 qui sont évidemment indispensables pour l'Ukraine dans la protection de son ciel. J'aurai l'occasion d'y revenir devant vous prochainement.


Réponse de Pierre-Jean ROCHETTE, Sénateur de la Loire


Merci, Monsieur le Ministre, pour votre réponse.


Bien, écoutez, nous comptons sur vous pour maintenir l'effort et continuer à soutenir l'Ukraine. Merci.


 

Interventions au Sénat

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