14 novembre 2022
Débat sur l'enseignement professionnel
Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues,
Madame la Ministre, vous l’avez dit dans votre propos, l’apprentissage connaît un succès sans précédent. En période de crise pandémique, le nombre d’apprentis a été multiplié par deux pour atteindre, aujourd’hui, 740 000.
Si ces chiffres doivent se confirmer dans le temps, chacun s’accorde à dire que c’est une action à mettre au crédit du Gouvernement.
Cela nous rappelle trois choses :
Déjà, la première, c’est qu’en matière d’enseignement et de formation, la France ne dépend que d’elle-même et il y a assez peu de sujets comme ça.
Ensuite, lorsqu’on met de la volonté politique et qu’on met les moyens en face, les résultats sont là.
Et enfin, c’est que quand c’est attractif pour l’entreprise et pour le jeune, notamment, je veux dire, en matière d’embauche et de débouchés, cela fonctionne.
La question qui se pose : comment l’enseignement professionnel peut-il avoir le même élan ?
Certes, les problématiques sont différentes, mais nous devons pouvoir créer des synergies entre les deux.
L’une des leçons de l’apprentissage, c’est que les formations se sont adaptées aux besoins d’emploi et aux réalités des territoires. Et pour cause : les jeunes, les entreprises, et aussi les centres de formation disposent de marges de manœuvre pour s’organiser. Nous avons besoin, là encore ici, de liberté et de souplesse.
L’une des difficultés de l’enseignement professionnel, c’est le manque de débouchés concrets. Moins d’1 élève sur 2 trouve un emploi 12 mois après sa sortie de formation ; alors que ce taux atteint quasiment 70% pour les apprentis. L’enseignement professionnel – même si cela s’est amélioré et ça a été dit, – souffre toujours d’une image qu’il faut valoriser auprès des jeunes.
Madame la Ministre, que comptez-vous faire pour que l’enseignement professionnel connaisse le même succès que l’apprentissage ?
Allez-vous donner plus d’autonomie aux chefs d’établissement, pour leur permettre de s’adapter au mieux aux besoins et aux réalités de leur bassin d’emploi ?
Merci
Réponse de Mme Carole GRANDJEAN, Ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels
Merci Monsieur le Président,
Monsieur le Sénateur VERZELEN,
Merci pour cette question qui me permet effectivement de revenir sur un certain nombre de sujets.
Au fond, déjà, je voudrais redire à quel point cette réussite de l’apprentissage qui reste pour nous, un défi que nous souhaitons continuer à mettre à l’échelle avec un objectif d’un million d’apprentis, reste, évidemment, une des réussites pour lutter contre le chômage des jeunes. Elle ne doit pas être la seule et évidemment, elle doit s’accompagner d’autres dispositions et d’autres leviers.
Le lycée professionnel concerne des élèves de plus en plus jeunes et donc, pas forcément en âge ou en maturité pour rentrer dans des dispositifs d’apprentissage et nous sommes bien conscients de cela ; avec aussi des fragilités que j’évoquais tout à l’heure et, même si je porte la même ambition pour le lycée professionnel, parce que je crois dans le lycée professionnel comme voie de réussite et d’excellence, je ne souhaite pas, finalement, mettre en concurrence ces deux dispositifs qui doivent pouvoir trouver une réponse et une place complémentaire pour les élèves et peut-être aussi, organiser des passations, des passerelles qui permettent aux élèves de s’ajuster en fonction de leur maturité lors de leur parcours.
Je voudrais dire que le contrat d’apprentissage, c’est une option qui est envisageable déjà pour les lycéens professionnels. Aujourd’hui, plus de 60 000 lycéens professionnels donc un peu moins de 10 % sont en apprentissage en lycée professionnel, c’est plus de 42 % en deux ans et c’est déjà une grande évolution qui a nécessité un accompagnement pédagogique de la part des professeurs de la voie professionnelle.
Mon objectif est clair, c’est celui de transformer structurellement le lycée professionnel pour qu’il y ait un accompagnement plus intensif, plus individualisé, qui doit permettre à l’élève d’être en réussite et ces quatre groupes de travail y réfléchiront. Le quatrième groupe de travail doit réfléchir à la manière dont on donne des marches de manœuvre, des initiatives aux établissements, tout en conservant le caractère national des diplômes et j’insiste beaucoup sur le sujet. Il s’agit là d’être en concertation avec les chefs d’établissements et de leur donner la capacité à agir, à impulser, à adapter aussi des solutions par rapport à leurs élèves.