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Vanina Paoli-Gagin : Finances de fin de gestion pour 2024

25 novembre 2024

Projet de loi de finances de fin de gestion pour 2024 - Dossier législatif



Madame la Présidente,

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président de la Commission,

Monsieur le Rapporteur Général,

Mes chers Collègues,


Ce texte nous fait entrer dans une sorte de faille spatio-temporelle. Le passé et l'avenir se télescopent brutalement.


Ce matin, nous nous projetions vers le futur en entamant la discussion générale du projet de loi de finances pour 2025. Et dans un instant, nous commencerons à en discuter les articles.


Dans l'intervalle, nous repartons vers le passé pour clore les comptes de l'exercice écoulé. Ce projet de loi de finances de fin de gestion 2024 dresse le constat d'un triple échec collectif :


  • Un échec dans le redressement de nos comptes publics ;

  • Un échec dans les prévisions macro-économiques ;

  • Et un échec lié à la configuration politique à l'Assemblée nationale.


Un échec dans le redressement de nos comptes, d'abord. Cela a été dit, avec un déficit de 6,1% du PIB et une dette à 112% du PIB, la France se trouve aujourd'hui dans une situation déplorable.


Cela s'explique d'abord et surtout par un demi-siècle de légèreté budgétaire où le Parlement a cessé de croire qu'il est sain et même rationnel de voter un budget équilibré. Pire, il s'est même convaincu que notre économie s'en porterait mieux si nous nous endettions sans limite.


Cette logique est aux finances publiques ce que la consommation débridée est à la préservation de la planète. De même qu'un modèle de consommation infini dans un monde aux ressources finies est un contresens, un modèle d'endettement infini dans un pays à la démographie déclinante et à la croissance morose est juste une absurdité.


"Ok boomer", diraient mes enfants. Moi, j'ai envie de dire plutôt : "K.O. boomer". Il faut changer de logiciel, il faut changer de culture, il faut changer de méthode.


La génération qui exigera de ses responsables politiques qu'ils votent des budgets à l'équilibre est-elle déjà née ? Je l'ignore. En tout cas, je l'espère vivement.


En attendant, si nous voulons redresser nos comptes, il est urgent de retrouver un horizon de projection souhaitable, en dehors du matraquage fiscal et de la dépense à gogo.


Un échec dans les prévisions macro-économiques ensuite. Le déficit public, cela a été rappelé, a dérapé de plus d'un point de PIB depuis l'adoption du projet de loi de finances initial.


À qui la faute ? Le Rapporteur Général et le Président de notre Commission des Finances ont conduit des travaux pour identifier les failles dans la chaîne de responsabilité. Mais au-delà de la mise en cause de telle ou telle personne, j'espère surtout que ces travaux permettront de formuler des propositions systémiques pour éviter que de telles erreurs ne se reproduisent.


À mon sens, c'est surtout l'inflation qui est en cause. L'inflation qui nous fait perdre la raison et qui nourrit nos démons. Les prix augmentent ? Vite, dépensons plus pour protéger nos particuliers, pour protéger nos entreprises. De toute façon, les recettes augmenteront à due concurrence et le déficit, rapporté à la richesse produite, n'explosera pas.


Encore raté : l'augmentation des recettes n'a pas suivi celle des dépenses, et nous voilà renvoyés à notre incapacité à nous focaliser sur la réduction de notre déficit public.


Il faut dire que la responsabilité budgétaire n'a pas vraiment le vent en poupe. Les démagogues à l'extrême-gauche comme à l'extrême-droite promettent tout à la fois de baisser les impôts, d'augmenter les dépenses et de réduire le déficit.


Ce sont eux qui ont rejeté ce projet de loi de fin de gestion pour 2024. Ils excellent dans la critique mais ne proposent rien pour améliorer la situation.


C'est le troisième et dernier échec collectif que j'évoquais. La tentation populiste n'a jamais été aussi forte dans notre pays.


Pour tenter d'apporter une solution structurelle à ce triple échec, je vous ai proposé, mes chers Collègues, de changer de méthode en renforçant la programmation pluriannuelle. Cette option n'a pas prospéré, je le déplore. Peut-être n'était-elle pas la bonne. En tout cas, je reste convaincue qu'il n'est pas possible de continuer ainsi très longtemps.


En attendant, notre Groupe des Indépendants votera bien évidemment en faveur de ce budget de fin de gestion. Parce qu'il ouvre des crédits pour éteindre le feu social et économique qui a pris en Nouvelle-Calédonie et qui menace notre unité nationale.


Parce qu'il ouvre des crédits pour payer les primes aux agents qui ont assuré la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ils ont contribué au rayonnement de la France dans le monde entier, nous le leur devons.


Parce que ce budget ouvre des crédits pour nos forces armées. Elles viennent en appui à nos amis Ukrainiens – il ne faut pas l'oublier – qui doivent pouvoir compter sur notre soutien alors que la Russie rehausse l'intensité de ses frappes sur leur sol et qu'elle menace la démocratie en Europe.


Voilà pour 2024. Nous avons vraiment hâte de tourner la page pour nous lancer avec détermination et sans résignation dans le budget pour 2025.


Je vous remercie.

 


Interventions au Sénat

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