8 Décembre 2023
Projet de loi de Finances pour 2024 : Mission Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales (Compte spécial : développement agricole et rural)
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et messieurs les Rapporteurs,
Mes chers collègues,
Bravo monsieur le Ministre, jamais le budget n'aura autant augmenté, une hausse de 38 % en autorisations d’engagement et de 23 % en crédits de paiement, c'est tout simplement spectaculaire.
Mais si certains agriculteurs peuvent apprécier le spectacle, tous aiment avant tout le réalisme et le pragmatisme. La planification écologique est largement servie par cette hausse, nous ne voyons pas cela d'un mauvais œil, au contraire, nous sommes habitués à la planification. Mais qu'y aura-t-il dans cette panification ?
Notre empirisme nous protège tant bien que mal des insécurités climatique, sanitaire et budgétaire qui chamboulent régulièrement ce qui avait été planifié. Quand cela a été planifié.
C'est le propre des agriculteurs de faire avec les aléas de la nature, et c'est l'essence même de notre passion qui nous fait être en première ligne pour protéger nos terres et veiller sur l'environnement. Nous ne l'oublions jamais : sans la nature, nous ne sommes rien.
J'ai la chance d'être agriculteur et au groupe Les Indépendants. Oui la chance car chez les indépendants, on aime aussi les histoires qui ont du sens, celles qui donnent une vision, un cap et tracent un destin commun.
Et donc je m'interroge car nous attendons avec impatience cette loi d'orientation agricole, sera-t-elle une énième loi d'avenir qui n'en aura que le nom ?
En 1961, le Ministre Pisani annonçait qu'il était "grand temps que nous parvenions à installer dans ce ministère la pensée économique" et "grand temps que nous pensions à y installer la volonté commerciale". C'est chose faite.
Il est aujourd'hui grand temps de passer du temps de la pensée au temps de l'action. Il me semble que la hausse du budget en est un gage, j'espère que cela transpirera dans cette loi d'orientation agricole.
Car, reconnaissons-le, l'Agriculture doit aussi faire avec une inertie qui lui est propre. Depuis mon installation en 1994, je n'ai eu de cesse de constater le vieillissement et la diminution dramatique des exploitations. Sans sursaut la fin sera brutale.
On se réveille souvent quand c'est trop tard, un paradoxe encore bien ancré dans l'ADN agricole pourtant désormais habitué, comme je le disais, au grand mot de planification.
Je le concède, nous avons aussi besoin d'être bousculés. Vous le savez monsieur le Ministre, le monde agricole est un monde de passionnés, difficile à faire bouger mais une fois convaincus, d'une force d'entraînement redoutable.
Et nous ne convaincrons pas ces femmes et hommes qui ont fait de leur passion un métier en les pointant du doigt et en les stigmatisant. Je sais que vous partagez ce constat Monsieur le Ministre.
Les agriculteurs encaissent toujours et passent à la caisse chaque jour : verdissement, dépense brune, conditionnalité... et j'en passe pendant que Bercy brasse, non pas du vent (on préfèrerait) mais une pression bien française, le faisant meilleur Brasseur de France, de la taxe et de l'impôt.
Votre gérez plus de 90% des terres du territoire français monsieur le Ministre, il est donc temps que le monde agricole reprenne les choses en mains, la pression, c'est à l'Agriculture de la mettre, pas de la subir.
Car la souveraineté de la France sans souveraineté alimentaire c'est un mirage. Et toutes les transitions à mener : écologique, environnementale et énergétique, sans les agriculteurs, c'est une rêverie.
Et nous on ne veut pas rêver monsieur le Ministre, ce qu'on veut, c'est de la lisibilité, de l'efficacité et du pragmatisme. Vous en avez, et je salue à ce sujet votre position sur les produits phytosanitaires : oui, partout où l'on peut trouver des solutions alternatives, allons-y ; mais là où il n'y a pas de solution, il ne peut y avoir d'interdiction dogmatique et péremptoire.
Nous souhaitons de l'innovation et de l'efficacité avec plus de vision à l'INRAE, de performance au CASDAR, de la simplification à l'ASP et à la DGPE qui pondent des normes souvent absurdes et des documents à plusieurs centaines de pages.
La rue de Varenne est déjà la rue des usines à gaz, ne devenez pas le premier producteur de contenus à base de cellulose de notre pays. Laissez-en pour nos vaches.
Alors oui nous serons au rendez-vous monsieur le Ministre et vous le savez. Nous serons là pour travailler à vos côtés et bâtir la stratégie que ce Ministère doit mener, avec tous les agriculteurs, toutes les agricultures, et pour les Français.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI