Vincent Louault - QAG : programmation énergétique de la France

2 avril 2025

Question d'actualité au Gouvernement

Question de Vincent Louault, Sénateur d’Indre-et-Loire :

Monsieur le Ministre,

Je vais commencer mon intervention en rendant hommage à l'un de nos illustres Sénateurs, qui a occupé la place 23, à quelques mètres de moi-même, le Président Edgar Faure, à qui je dédie ma question.

Pourquoi le Président Faure ?

Il y a 70 ans, ce mois-ci, il mettait en place la commission PÉON, la commission de production d'électricité d'origine nucléaire, qui configurera l'excellence de notre nucléaire d'aujourd'hui.

À l'heure où vous vous apprêtez à signer des décrets engageant notre politique énergétique pour les dix ans à venir, ne croyez-vous pas qu'il est grand temps de tout mettre sur la table pour redessiner une vraie stratégie décarbonée afin de retrouver l'esprit pionnier d'Edgar Faure ?

Réponse de Marc Ferracci, Ministre en charge de l'industrie et de l'énergie :

Merci, Monsieur le Président.

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Monsieur le Sénateur Vincent Louault,

Vous m'interrogez, vous m'interpellez sur notre stratégie énergétique, sur la manière dont nous la concevons, et je pense également sur son contenu.

Rappeler que notre stratégie énergétique, elle s'appuie sur un mix qui est équilibré, équilibré entre la production nucléaire et les énergies renouvelables.

Ce mix a été posé sur la table, et cette vision a été posée sur la table en 2022 par le Président de la République lors de son discours de Belfort.

L'enjeu de cette stratégie, c'est de défossiliser notre économie, de défossiliser nos usages.

Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, 60% de notre consommation énergétique est d'origine fossile, vous le savez.

Et 99% de ces énergies fossiles sont d'origine importée.

Il y a donc derrière cet enjeu de défossilisation, non pas simplement un enjeu de protection de l'environnement, un enjeu de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais il y a un véritable enjeu de souveraineté.

Car nous ne souhaitons pas dépendre -a fortiori dans un contexte géopolitique qui évolue de manière extrêmement rapide vers plus d'incertitude- de pays qui ne sont pas aussi fiables et aussi stables qu'ils ont pu l'être par le passé.

Voilà, au fond, la philosophie qui préside à notre politique énergétique.

Ensuite, sur la programmation pluriannuelle de l'énergie.

Vous dire que, les objectifs de cette programmation ont été débattus au Parlement et ils sont fixés par la loi.

L'idée de prendre un décret, c'est l'idée de décliner ces objectifs.

Et je dois également rappeler que cette programmation pluriannuelle de l'énergie a fait l'objet d'une très large consultation, vous le savez, consultations auxquelles les parlementaires ont d'ailleurs été associés, puisque le Conseil supérieur de l'énergie, où siègent un certain nombre de parlementaires, a été consulté.

Ce n'est pas une consultation de pure forme. C'est une consultation qui a amené à des aménagements, à des aménagements assez profonds, en particulier sur le photovoltaïque, dans l'écoute de la filière, des filières et des acteurs.

Voilà, au fond, la philosophie et les modalités d'application de notre politique énergétique.

Je vous remercie.

Réplique de Vincent Louault :

Alors Monsieur le Ministre,

Bon, je m'attendais un peu à cette réponse.

Si je vous interroge aujourd'hui, c'est qu'après avoir auditionné 80 personnalités du monde de l'énergie décarbonée pour un rapport France 2030 que je remettrai au service du Premier ministre le 8 avril prochain, mon constat est sans appel.

Sans un véritable réarmement de la filière décarbonée, nous allons dans le mur.

Cette PPE nous y conduit tout droit.

Vous parlez aujourd'hui d'un temps que les moins de cinq ans n'ont pas connu.

Initiée en 2020, cette PPE a commencé à être configurée avant la guerre, avant la flambée de l'énergie, avant l'élection de Donald Trump.

Cette PPE, c'est l'ancien monde de l'énergie renouvelable européenne, pas du tout celui de l'énergie décarbonée dont le nucléaire fait partie.

Tout cela coûtera à l'État et aux Français un pognon de dingue, alors que ce budget devrait être employé à un seul objectif, l'électrification de nos industries et de nos entreprises.

Dès lors, un simple débat ne suffira certainement pas.

Il est indispensable de travailler à une vraie loi de programmation sur 60 ans.

Merci à vous.